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L'Ile blessée

Il ne faut pas hésiter à s'y rendre. Il est vrai que la violence et les hostilités - généralement circonscrites à des lieux, ou des zones très précises - sont malheureusement bien réelles. Vrai aussi la tension latente, les patrouilles et les contrôles provocateurs, constants, de la police et de l'armée, vrai encore les quartiers tristes, véritables ghettos où sourdent la pauvreté, la peur, le chômage et parfois la haine. Vrai, les bagarres promptes à éclater pour une Histoire qui n'en finit pas de régler ses comptes...

Ici, deux communautés rivales s'opposent: les protestants (actuellement toujours majoritaires) se sont, depuis longtemps, solidement organisés pour régner sur les affaires du pays et les catholiques, objets de très nombreuses discriminations. Les uns redoutent de voir leur suprématie s'effondrer refusant largement la réunification de l'île souhaitée majoritairement par les autres qui se battent aussi pour une plus juste reconnaissance de leurs droits, et surtout le partage du pouvoir politique. Depuis une dizaine d'années, des changements importants -notamment sur le plan social- ont été accordés aux catholiques et d'autres sont en cours d'élaboration. Mais même si des rapprochements entre Londres et Dublin, pour tenter de trouver une solution convenable à ce conflit, deviennent bien réels, la crise économique qui secoue l'Ulster reste le ler facteur de déstabilisation.


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Dans un quartier catholique. (Belfast - Irlande du Nord)


Malgré cela l'Irlande du Nord mérite largement la visite. Il suffit d'éviter les « points chauds » bien connus pour retrouver l'Irlande profonde, vraie, conviviale, chaleureuse et ses trésors cachés. Les visiteurs découvrent avec étonnement que les contacts et les amitiés se nouent aussi rapidement et facilement que de l'autre côté de la frontière. Ils repèrent aussi très vite les points communs qui unissent véritablement les habitants des deux pays avec d'abord et surtout leur grand amour pour le cheval. Viennent ensuite, toutes leurs autres passions partagées pour la musique, les pubs où le monde se refait, la nature, les courses de lévriers, la chasse, la pêche...

Comme moi, vous trouverez à coup sûr plus d'un « loyaliste » protestant qui vous dira finalement au terme d'une discussion passionnée: « je suis Anglais de nationalité, bien sûr, mais Irlandais de coeur ! »