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" L'Aventure, c'est avant tout la rencontre avec les autres et elle commence à notre porte. ".

Alain Wodey est cinéaste-conférencier indépendant depuis 1969. Présentés à la tribune de "Connaissance du Monde", ses films documentaires et travaux photographiques témoignent de sa quête d'horizons nouveaux, de sociétés, de cultures et de traditions différentes. Après les pays d'Europe du Nord et le Maroc, entre 1972 et 1984, il effectue des séjours en Inde, Cachemire, Ladakh et dans les Etats interdits de l'Assam et du Meghalaya. Il est un des rares étrangers à avoir pu réaliser des reportages sur les minorités montagnardes Zemi-Naga, Mikir, Garo, Khasi et Jaintia. Après avoir tourné un film sur les Vosges (devenu le documentaire régional de référence), entre 1986 et 1991, il consacre à l'Irlande un documentaire profondément humain. Depuis 1994, il se rend chaque année en Indonésie qu'il parcourt sans cesse d'île en île.

"Chaque voyage me permet de vivre des moments forts et enrichissants. C’est la meilleure école de la vie. Si il m’arrive parfois de forcer le destin, l’exploit physique ou médiatique ne m’intéresse pas, au contraire de la rencontre avec les autres que ce soit dans mes Vosges ou au fin fond de la Papouasie. Peut être, aussi, pour mieux me connaître ou pour continuer à apprendre, je cherche à partager des tranches de vie hors des sentiers battus, à approcher d’autres cultures et modes de pensée ".

Partager, témoigner tel est depuis toujours mon désir le plus profond. Cette passion est un puissant moteur que rien n’a jamais pu altérer. Elle reste forte et permanente et je reconnais que de pouvoir en vivre, même modestement, est une chance et un véritable luxe par les temps qui courent.

Sans tricherie ou séquences “fabriquées“, le tournage d’un documentaire, tel que je le conçois, ne peut se faire sans la complicité, la confiance, le respect mutuel des différents intervenants. Pour cela, surtout, il faut prendre le temps de séjourner sur le terrain. Se faire accepter. Aussi, je n’hésite pas à réaliser de longs séjours et revenir année après année dans des lieux déjà visités, à garder le contact, pour que des portes s’ouvrent plus grandes sur l’intimité des populations qui me reçoivent. La discrétion s’impose, et si je suis parfois seul en tournage pour une meilleure intégration, mes deux ou trois coéquipiers qui m’accompagnent souvent sont animés du même état d’esprit…

J’ai ainsi découvert nombre d’hommes et de femmes de tous les milieux, de toutes les couches sociales, d’une grande ouverture d’esprit, riches d’élégance et de noblesse intérieure : des personnages hors du commun, au charisme qui réchauffe le cœur. Avec la mondialisation de l’économie, l’uniformisation de la vie de tous les jours, l’abolition des distances et des frontières, notre monde devenu tellement matérialiste ferait bien de s’inspirer de l’organisation d’autres sociétés, parfois dites “primitives“ … Profondément attachées à des idéaux spirituels, leur identité, leur environnement, souvent détentrices malgré tout ce dont elles nous paraissent privées, d’un certain bonheur, elles cherchent légitimement à évoluer, à mieux vivre mais à leur manière, à leur rythme, sans forcément épouser toutes les valeurs qui sont les nôtres

En près de quarante années de reportages j’ai souvent été, auprès des sociétés que j’ai côtoyées, le témoin de profonds changements de comportements, pas toujours positifs et observé de graves détériorations de l’environnement. Aussi, devant un tel constat, j’adhère totalement à la déclaration du roi du Bhoutan, un petit état himalayen, qui dit que le “bonheur national brut“ est le plus important pour son peuple, pour son pays, que le montant de son produit national brut…